Le mouvement « No Mow May », qui consiste à laisser sa tondeuse au garage pendant le mois de mai, prend de l’ampleur. Mais pourquoi une telle injonction ?
L'essentiel
Lancé par une association britannique, le mouvement « No Mow May » préconise de laisser pousser la pelouse et les fleurs sauvages de son jardin, afin de protéger les pollinisateurs.
Une expérience à Londres a montré que ne pas tondre augmentait de trois fois le nombre d’espèces de plantes, d’araignées et d’insectes.
Mais il n’y aurait pas besoin d’être aussi radical pour favoriser la biodiversité : l’important serait surtout de veiller à ne pas tondre son gazon trop bas et trop fréquemment, et ce quelle que soit la période de l’année.
C’était pourtant le moment parfait pour tout couper dans le jardin : un pont de mai XXL avec en prime quelques rayons de soleil. Mais vous allez peut-être finalement laisser votre tondeuse au garage et trouver une autre activité. Il faut dire que depuis quelques années, le mouvement « No Mow May » (« pas de tondeuse au mois de mai ») et le hashtag qui va avec prennent de l’ampleur. Le principe : ne pas toucher à son gazon pour éviter de ratiboiser toute la biodiversité qu’elle abrite. Faut-il suivre cette initiative ? On vous explique.
C’est quoi le « No Mow May » ?
Depuis plusieurs années, l’ONG britannique Plantlife incite les particuliers à se joindre à ce mouvement. L’objectif : sauver les abeilles et les papillons, des pollinisateurs malheureusement en déclin et qui se nourrissent grâce aux fleurs sauvages et herbes hautes, aux beaux jours. « Les pelouses victoriennes désuètes appartiennent au passé », estime par ailleurs l’association, qui compte bousculer les habitudes pour la bonne cause.
Est-ce que ça marche ?
Il y a quatre ans, une expérience grandeur nature a eu lieu au King’s College à Londres. « En 2020, pour la première fois depuis sa pose en 1772, une section d’une pelouse du King’s College de la taille d’un demi-terrain de football n’a pas été tondue », indique l’université. Sur cette parcelle, des fleurs sauvages avaient été semées. Un peu comme quand vous laissez pousser les pâquerettes ou pissenlits qui pointent à travers le gazon de votre jardin. Au final, les chercheurs ont vite pu s’apercevoir des résultats : trois fois plus d’espèces de plantes, d’araignées et d’insectes ont été retrouvées dans l’espace qui n’avait pas été tondu. Les chauves-souris ont aussi apprécié la démarche.
Quels sont les autres bénéfices ?
Laisser l’herbe pousser aurait d’autres bénéfices à tel point que même des marques de tondeuses surfent sur la mode. Stihl, par exemple, met en avant les conséquences positives du « No Mow » sur le potager : « La pollinisation par les insectes de la pelouse est importante pour de nombreuses plantes, par exemple pour les pommes et les cerises, les tomates et les haricots. Les insectes contribuent ainsi de manière décisive à la réussite des récoltes du jardin. »
Des avantages sur les fruits et légumes, mais aussi sur les massifs de fleurs. Car c’est tout un écosystème qui peut se créer. La commune de Nogent-sur-Oise (Oise) explique par exemple sur son site Internet : « Les mésanges vont récolter les petites chenilles sur les feuilles des rosiers, pour les donner à leurs petits. Elles réduisent aussi le nombre des pucerons. »
Avec l’arrivée des grosses chaleurs, rappelons aussi que les herbes hautes protègent mieux la terre de la sécheresse en gardant le sol à l’ombre. Grâce à leurs racines, plus profondes qu’un simple gazon, les fleurs sauvages qui se développent permettent aussi à l’eau de pluie de mieux s’infiltrer dans le sol.
Alors, faut-il résister à l’appel de la tondeuse ?
Pour protéger la biodiversité, pas besoin de forcément faire la grève de la tondeuse jusqu’au 1er juin. Pour Célia Jacob, chargée de gestion écologique à la direction Nature et jardin de la ville de Nantes, il faut surtout tondre « ni trop ras, ni trop fréquemment », que ce soit en mai ou à n’importe quelle autre période, et ce quelle que soit la taille de son jardin. « L’idéal est d’avoir une gestion différenciée de sa pelouse, garder des zones plus rustiques que d’autres », propose-t-elle. Célia Jacob préconise en tout cas de ne pas couper en dessous de 7 cm, et si possible de garder des « zones refuges », de petites prairies qui permettent notamment aux sauterelles ou aux papillons de pouvoir se développer.
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